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Coworking : la montée en puissance d’une nouvelle organisation de travail
Depuis 2006, c’est « une communauté ultra-puissante et 100 % indépendante » qui a décidé de faire évoluer la ville, cette cité historique au provincialisme assumé.
Son nom : Indy Hall.
Ses membres : des designers, des développeurs, des artistes, des scientifiques, des professeurs, des marketeurs, etc.
Sa méthode : faire travailler sur un même lieu indépendants, entrepreneurs et télétravailleurs.
Sa raison d’être : le coworking.
Inutile de chercher une traduction littérale, elle serait infidèle. L’anglicisme est aujourd’hui largement accepté pour parler de cette nouvelle organisation du travail qui, « regroupe deux notions : un espace de travail partagé, mais aussi un réseau de travailleurs encourageant l’échange et l’ouverture ». Le tout est pratiqué dans un endroit lumineux avec café garanti et est accessible à tout professionnel bénéficiant d’une dématérialisation de son travail. Il existe aujourd’hui 3.500 lieux de ce type à travers le monde et depuis 2005, le parc a doublé chaque année.
En France, on en compte une trentaine, souvent associatifs et soutenus par des fonds publics. Les collectivités locales y voient un moyen de dynamiser leurs territoires ou d’accompagner « la transition des mobilités », mais les chefs d’entreprise ignorent encore souvent l’existence de ces collectifs de travail hors les murs. Ils étaient 70 % selon l’enquête OpinionWay/Mobilitis de fin 2011. Dommage.
- Un secteur du futur – Avec ces « tiers lieux “, sorte de concrétisation physique des réseaux sociaux, le travail pourrait trouver de nouveaux contours. Le coworking peut à terme complètement changer la façon dont on envisage le travail. Le bouleversement à venir serait « comparable à celui en train de s’amorcer avec le BYOD » – pour « Bring your own device », littéralement « apportez votre propre appareil » -, qui permet à un collaborateur d’utiliser son propre matériel dans un cadre professionnel. En regardant l’horizon 2025-2030 le coworking va devenir une industrie à part entière comme l’hôtellerie ou la restauration. Même diversité d’acteurs, même variété de services. Les Américains prennent très au sérieux le phénomène. Certains groupes immobiliers et fonds d’investissement attaquent ce marché à coup de millions de dollars. En Europe, la chaîne hôtelière néerlandaise citizenM a quelques velléités en la matière. Et les opérateurs traditionnels de l’immobilier de bureau sont déjà passés à l’action.
- Qui correspond aux valeurs des jeunes générations – Certains grincent déjà des dents. Un espace de coworking, c’est une culture, une communauté et de l’organisation d’événements. Les espaces qui se sont ouverts à Paris, à Berlin ou à Barcelone sont « imprégnés de culture Internet et des valeurs de partage, d’échange et de solidarités », analyse Denis Bérard, chargé de mission à l’Anact (Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail). « Nous essayons de créer un environnement sans friction », expliquait dans une interview Benjamin Dyett, cofondateur des somptueux espaces Grind à New York et Chicago.
- Qui sert le besoin d’innovation des entreprises – A Paris, La Cantine, première du genre, est née autour d’initiatives entrepreneuriales du Web, mais la palette est aujourd’hui variée. Mutinerie veut permettre « à différents métiers et statuts de se fréquenter “, Ces espaces sont en outre un moyen d’ allier de façon informelle des compétences, de récupérer du travail et de le partager. 50 % des coworkers sont des créatifs, 50 % des entrepreneurs. Ce qui est important dans le coworking, ce sont les coworkers – mais y venir, c’est aussi « s’immerger dans un lieu où la création et l’innovation se pratiquent ». Une piste que ne peuvent complètement négliger les entreprises traditionnelles en quête de nouveaux modèles. La filiale d’un grand groupe bancaire a récemment mis sur pied des séances de coworking. Objectif : mettre ses salariés en contact avec des coworkers et parler innovation. En Allemagne, Vodafone et Deutsche Telekom expérimentent le principe. D’autres entreprises réfléchissent à la création de leurs propres espaces. Des lieux d’intelligence collective qui sont le témoignage d’une transformation de notre quotidien au travail, et ailleurs… .
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